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1 décembre 2006

VENDREDI 8 SEPTEMBRE 2006

Ce matin, j'ai besoin d'aller me "dérouiller le bassin".
Déja dans la nuit, je me sentais comme rouillée à ce niveau là, bizarre, c'est la première fois que j'ai cette sensation, mais bon, des sensations nouvelles, j'en ai expérimentées quelques unes depuis que je suis enceinte!
Donc, ce matin, c'est un besoin impérieux de me dérouiller le bassin qui me presse...
Malgré mes bonnes résolutions, cela fait quelques jours, une bonne semaine en réalité, que je ne suis pas allée marcher.
J'aurai été nager avec grand plaisir, mais malheureusement le temps ne s'y prête pas depuis quelques mois, c'est l'hiver, et je suis trop frileuse pour me baigner quand l'eau est froide!
Me voici donc sur la promenade Vernier en train de marcher, dans le vent, à l'ombre des cocotiers, le soleil brille, il fait bon... le lagon est superbe, j'aime admirer ce paysage, j'ai la musique de chez moi dans les oreilles, j'écoute Baster... "la Réunion lé zolie!".
Stéphane dort. Non, il n'a pas travaillé cette nuit, mais il a fait la fête et est rentré bien tard. Je devais venir avec lui, resto puis sortie avec des copines, mais au dernier moment, je ne l'ai pas senti, et j'ai préféré rester à la maison me reposer. C'est que mon bidon est bien gros, et je suis un peu au ralenti depuis quelques semaines, je vais "à mon rythme"! En fait, je vais au rythme que m'impose ce petit bout de chou qui pousse en moi!
Je pense à tout ce que j'ai fait ces derniers jours pour tout préparer pour l'accouchement. Pour que tout soit prêt. Le matos spécifique pour l'accouchement à la maison, la chambre de bébé... la liste de naissance est bouclée, ça y est, j'ai regardé les cartons pour les faire parts... et mille et une choses encore... Et puis je pense à hier où nous avons été à la clinique Magnin voir 3 bébés qui sont nés lundi : Yuna, la petite d'Anne ; Iban, le petit de Peggy et Sébastien ;  et Nina, la petite de Christophe et Marie. Tous les trois le même jour et au même endroit! c'est marrant! c'est la semaine bébés! Ce soir c'est la pleine lune, il y a sûrement un rapport!
Bref... sur la promenade Vernier, comme toujours, je pense et je rêve, mais pour la première fois, j'invente des exercices de "dérouillage de bassin"!
Cette promenade me fait du bien.
Avant de rentrer à la maison, je passe à l'OPT récupérer un colis envoyé par la mère de Steph. Je sais ce qu'il y a dedans : mon bouquin sur l'allaitement, la bible sur le sujet d'après plusieurs copines qui sont ou ont été de "grandes allaiteuses".
J'ai demandé à la mère de Steph de me l'envoyer car il n'y en a aucun exemplaire à Nouméa (j'ai fait toutes les librairies!) et si on le commande, cela prend au grand minimum 3 semaines pour arriver... c'est trop long, je suis censée accoucher le 27 septembre, dans... 19 jours.
C'est donc toute contente que je rentre avec le colis attendu! Et comme d'habitude, nous avons été gatés par les parents de Steph! le colis est rempli de cadeaux pour notre bébé! des petits habits, des petites lunettes, des peluches...!!!
Je me jette sur le livre sur l'allaitement : c'est que je tiens à réussir mon allaitement, et je veux être prête pour le jour de l'accouchement, car je sais que tout se joue dans les premiers jours, les premières heures... je lis, je lis, je dévore le bouquin!
Steph me dit que j'ai le temps de le lire, et que là, il irait bien chercher de l'eau à la source du Mont Dore... OK, on y va!
Au retour, nos bouteilles bien remplies d'eau pure, nous nous arrêtons, passage obligé, à la ferme de St Louis pour boire l'un de leur si délicieux milk shake!
En rentrant, je sens que j'ai besoin d'une séance de yoga (spécial femme enceinte, je pratique au moins 2 fois par semaines depuis environ 2 mois, j'aime beaucoup, c'est très apaisant, relaxant).
Steph décide de dormir un peu pour récupérer de sa nuit de fête.
Je m'installe : mes feuillets avec les positions de yoga, les tapis, le manou dessus, je me met en tenue (c'est à dire en tee shirt/culotte!), tout est prêt, il est 18 heures pile poil, je m'assoie pour débuter la séance, et là... ... ... je fuis...
Oups, je fuis...!!!

Que se passe-t-il ?? Je me précipite aux toilettes, le liquide coule entre mes jambes, je deviens incontinente ?? je réfléchi très vite, ça ne peut être que les eaux, je perds les eaux ??  Assise sur mes toilettes, je regarde la couleur : claire comme de l'eau de roche, l'odeur ? pas d'odeur spéciale, ce n'est pas du pipi en tous cas, mince je perds les eaux ?? mais où est ce que j'ai mis mes serviettes hygiènique ?? je cherche dans la salle de bains, je ne trouve pas, je cherche dans la commode du bébé, où nous avons rangé tout le matériel nécessaire à l'accouchement à domicile, je ne trouve pas, et je continue à fuir, mais bon sang, où est ce que je les ai mises!!! je ne veux pas en mettre partout!! je mets du sopalin en attendant, ça continue de couler, je suis speed, et je me sens confuse, ça se bouscule dans ma tête... aouh... je perds les eaux... ça veut dire que je vais accoucher...!!! Accoucher ??!! mais c'était prévu pour le 27, on est le 8!! je vais accoucher ??!! bon, il faut que je le dise à Steph... je ne trouve toujours pas ces fichues serviettes, mais où est ce que je les ai mises ??
Je repense au dernier mail de Fred qui date d'il y a 2 jours, justement sur la rupture de la poche des eaux : vérifier la couleur, l'odeur... bon, ça, je l'ai fait, c'est impeccable... si les eaux étaient colorées il y aurait un soucis avec bébé, mais non, elles sont incolores, c'est bon signe... bébé... bébé! ti'baba, mon ti'baba!! je caresse mon ventre, mon ti'baba, tu es là, tu as décidé que c'est pour maintenant ?? Soit. C'est le deal qu'on a passé ensemble, tous les deux : quand tu es prêt, quand tu veux : tu sors, et moi, je serais prête à t'accueillir. Donc je suis prête. Oui, je suis prête.

Je vais voir Stephane et lui demande : "euh... Steph... qu'est ce qu'il nous reste à faire avant l'accouchement, pour que tout soit prêt ?" Je me cache un peu derrière la porte parceque je suis toujours sans culotte avec mon sopalin entre les jambes! "parceque... euh... je fuis... euh, je crois que je perds les eaux...!". Là, il fait un bon sur le lit!! "hein ? les eaux ? tu perds les eaux ??" (tiens, il n'a plus sommeil! d'un coup!)
Et là, c'est partit. J'avais rangé mes serviettes en haut de l'armoire, je m'en souviens maintenant, il me les attrape, bon, voila une bonne chose de faite.
Le ménage n'est pas fait... nous avions prévu de le faire demain, mais là, ça ne peut pas attendre. La maison doit être propre pour accueillir ti'baba.
J'ai comme des petites douleurs de règles. Je pensais que normalement, tout le ventre se contractait ? mais je sais que ce sont tout de même des contractions que je ressens vu que j'ai perdu les eaux et que je n'ai jamais ressenti cela auparavant... chez moi, cela se localise dans le bas ventre, juste sur le col de l'utérus c'est tout!...

Pour l'instant, je prépare plein de choses, je m'active : je range la chambre de bébé, je prépare ses petits habits, les premiers qu'il mettra, je range la cuisine, je vérifie que ma selection de musique (que j'ai nommé "douceur") est bien prête à l'emploi, je range avec Steph notre chambre où aura lieu l'accouchement, nous mettons l'alèse, les absorbex... je met des cousins sur la fenêtre où je pourrais m'appuyer, avec vue sur la mer... et puis je vais marcher un peu dans le jardin, je regarde la mer, le ciel, les cocotiers, les pins colonaires, j'écoute le bruit des vagues, les oiseaux... euh, là, je n'entend plus les oiseaux, mais le bruit de l'aspirateur!
Et oui, pendant ce temps, Steph fait le ménage, et puis il rentre la "piscine" qu'Emilie et René nous ont prêtée pour l'accouchement, et qui est en réalité un abreuvoir à chevaux! Comme nous n'avons pas de baignoire, et que prendre un bon bain pendant le travail soulage et facilite l'ouverture du col... Steph trouve un système de branchement pour l'alimenter en eau chaude, nous avions décidé pour cela d'installer l'abreuvoir dans la cuisine... Steph bricole! c'est presque une première! C'est un moment important, il joue pleinement son rôle, celui de l'homme qui participe à fond à l'accouchement. En fait, nous disons toujours notre accouchement, nous serons 3 à le vivre, ti'baba, moi bien sûr, et Steph. Et Fred aussi, qui nous aidera, elle sera là pour vérifier que tout se passe bien, et dans ce cas, elle n'interviendra pas trop. C'est comme ça que c'est prévu!

D'ailleurs, Steph veut qu'on l'appelle tout de suite. Il pressent que ce sera rapide.
Moi, je ne suis pas pressée, je lui lit son dernier mail sur la perte des eaux, où elle note de ne l'appeler que quand les contractions sont franches. Pour l'instant, je n'ai pas mal, et je ne suis pas inquiète du tout, alors je me dit qu'on peut attendre encore! on a largement le temps, une longue nuit débute seulement, et notre bébé viendra au monde le 9 septembre!
J'ai envie de vomir... ben mince alors, si j'ai des nausées, je ne pourrais pas manger de nutella (que maman m'a envoyé). J'avais prévu de me faire des tartines pour me donner des forces pendant l'accouchement car le nutella a toujours eu un effet magique sur moi!
Steph insiste pour appeller Fred puis il le fait, ça le rassure. Il est 19h.
Ils conviennent ensemble qu'il la rappelle d'ici une heure.
Je suis maintenant appuyée contre la fenêtre de la chambre, sur mes cousins, les contractions sont un peu plus fortes.
A partir de là, je pars un peu, je suis de plus en plus dans mon monde, la réalité se distend et je n'ai plus de notion de temps "objectif".
Steph allume des bougies... tout est prêt.

J'essaie d'appeler ma mère pour lui dire que le travail a commencé, qu'elle m'envoie des ondes positives, mais à chaque fois que je compose le numéro, une contraction arrive... je recommence 3 ou 4 fois à composer ce numéro puis j'abandonne. Je voulais appeler mon père aussi, mais tant pis, là, je dois me concentrer, me recentrer.
Je ferme les yeux, je repense aux séances de préparation à l'accouchement naturel, et quand une contraction arrive, mon esprit est dans mon corps, je vois ti'baba, il descend, je l'aide à descendre, je lui trace le chemin, je vois mon col, je le fais devenir mou, tout mou, se rapetisser comme un col roulé. Je ne veux surtout pas que ça bloque, alors je me concentre à chaque fois sur mon col, je reste bien détendue, je respire amplement par le ventre et toute mon énergie est dans l'aide à mon bébé à cheminer sans encombre, oui, je suis prête, tu peux venir, fais ton chemin, je suis là et je te l'ouvre...

Presque jusqu'à  la fin, à chaque contraction, je suis dans cet état d'esprit là, c'est même plus qu'un état d'esprit, carrément un état global, qui engage autant l'esprit que le corps, tout mon être en réalité.

Il fait nuit, l'ambiance est tamisée et jolie, à la lueur des multiples bougies que Steph a mis un peu partout dans la chambre, je suis maintenant allongée sur le lit, sur le côté, je cherche la position la plus confortable.

J'entend toc toc... et je vois Fred qui arrive avec son grand sourire et ses cheveux blond, ça me fait plaisir de la voir!
ça y est, nous y sommes! le jour J!
Finalement, Fred n'a pas attendu le coup de fil de Steph, elle a décidé de venir. Il est 20h.
Elle me demande comment ça va, je lui répond "bien, mais ça fait un peu mal, quand même!", ça la fait sourire!
Elle m'examine et nous sommes surprises : je suis déja à 3 ou 4 centimètres de dilatation! c'est bien!

Les contractions sont de plus en plus douloureuses. Pour l'instant, je suis "bien" allongée. On peut discuter un peu entre deux contractions, mais lorqu'il y en a une qui arrive, il me faut le silence. Pour que je sois bien concentrée, bien dans mon corps, j'ai besoin de silence.
Plusieurs fois, Steph me propose de mettre de la musique mais non, vraiment non, merci, j'ai besoin de silence.
Je sens la présence de Steph et de Fred, je suis bien entourée, je le sais, et cela me fait de bien.
Je suis complètement dans ma bulle, le temps est suspendu. Je vis au rythme des contractions.
Elles sont de plus en plus douloureuses. Mais j'ai confiance, et je suis sereine car je sais que je peux gérer la douleur.
Je l'accepte cette douleur. Je ne lutte pas contre elle, je l'accompagne.
Je pense beaucoup à Manu... lui qui a appris à gérer des douleurs extrèmes, je puise dans son expérience une grande force.

J'ai les jambes qui tremblent (mais ce n'est ni le froid ni la douleur), mais quand une contraction arrive, elles ne tremblent plus, je suis concentrée, je me sens sereine, j'ai toujours su que je peux le faire, je le fais.
Je visualise toujours l'intérieur, l'utérus, bébé qui descend, un soleil qui tourne sur le col pour l'ouvrir, le col, tout mou, tout mou, accepter de laisser sortir mon bébé, ne pas le retenir en moi, même si j'adore être enceinte, et c'est dur de se séparer de lui, nous ne faisions qu'un, mais c'est le moment, il faut se séparer, il veut sortir, il veut naître, c'est le moment, je dois l'aider à trouver le chemin.
Je le sens parfois bouger, il va bien. Il est là, toujours là, en moi, mon bébé...

Fred et Steph me proposent un bain, je suis partante.
Je me plonge dans l'eau chaude, ça fait du bien... je flotte, je me sens plus légère, et j'adore cette sensation enveloppante de l'eau...
Fred me glisse une serviette sous la tête.
Les contractions sont de plus en plus fortes.
Je sens toujours la présence bienveillante, rassurante de Stephane. Je l'entend parfois parler doucement avec Fred, je ne sais pas ce qu'ils se disent mais leurs voix sont douces et chaudes. J'ai les yeux fermés et je flotte. J'essaye de ne pas me crisper lorsqu'une contraction arrive, de rester détendue, de bien respirer, et je continue à visualiser mon col, ouvre toi Sésame, ouvre le passage à la vie, à mon enfant...

Fred veut écouter, comme elle le fait régulièrement, le coeur de bébé.
Mais cette fois, son doppler prend un peu l'eau, et dorénavant, il ne fonctionnera plus bien...
Pour l'instant, tout va bien, nous savons que le coeur de bébé bat parfaitement bien.

Fred me demande de sortir de l'abreuvoir. Steph m'aide, ouh la la, c'est dur de se lever, et puis de ne plus flotter, je suis très lourde!!
Nous nous installons sur le lit. Fred m'examine, je suis à 8 centimètres, c'est bien, ça progresse vite!

Les contractions s'intensifient encore, et je recherche la position la moins douloureuse, en m'aidant de Steph. Nous essayons quelques positions assez "fantaisistes", comme : lui assis, moi à genoux, penchée sur son épaule, mes bras dans son dos... je dois lui faire mal, à son dos... tant pis...
Je ne sais plus, je suis comme shootée, complètement ailleurs... je sais simplement que j'aimerai que ce soit bientôt fini...
Fred essaie plusieurs fois d'écouter le coeur de bébé, mais son doppler ne fonctionne vraiment plus.
Elle m'examine pour essayer de déterminer la position de bébé. Pour cela, je dois me mettre sur le dos, ce qui n'est pas très facile, ça fait mal, mais une fois que j'y suis, ça va...
A priori, bébé n'aurait pas la tête fléchie. Il ne serait donc pas encore dans la bonne position pour sortir.
Je sens une tension qui grandit autour de moi.
A chaque contraction, j'ai envie de pousser. Alors je pousse, mais bébé n'est pas encore assez bas!
Le fait que bébé ait encore la tête droite n'est pas un problème en soi. Avec un peu de temps, il se positionnera. Ce qui embête Fred c'est de ne plus pouvoir être sûre qu'il va bien, ne plus pouvoir écouter son coeur.
Je suis à dilatation complète, 10 centimètres.
Steph me soutient, physiquement, je dois lui broyer les os... tant pis... j'ai mal...
Fred m'encourage à faire descendre bébé, à bien pousser, elle aimerait que ce soit rapide maintenant.
Il y a un bon moment de flottement... les contractions s'enchaînent... entre deux, je demande à Fred si elle est inquiète... je sais qu'elle l'est, elle a le visage tendu. Elle me répond que oui, un peu... fichu doppler... on parle de terminer à la maternité...
La decision est prise, personne ne veut prendre de risque, allez, on part.
Steph et moi avions pris la décision d'aller à la maternité de Magenta s'il y avait un soucis car là bas, il y a tout le plateau technique, contrairement aux cliniques. Il n'y a pas de raison qu'il y ait un problème, mais c'est plus sécurisant de partir tout de même, pour être sûrs que bébé va bien, jusqu'au bout.
Bon, allez, on y va.
Je m'habille avec difficulté...
Pendant ce temps, Fred appelle la maternité pour prévenir de notre arrivée...
On est dans la voiture Steph et moi, nous suivons Fred...
Steph est partagé entre son envie de vite vite arriver à la maternité et mon besoin impérieux d'avoir le moins de secousses possibles... j'ai mal...
il faut aller doucement... chaque bosse, chaque trou sur la route me fait mal...
Je ne peux pas m'assoeir, je suis sur les mains... les contractions sont rapprochées, j'en ai 3 ou 4 pendant le trajet, et avec le stress du départ, et le fait de ne pas pouvoir mener notre projet jusqu'au bout... ce n'est pas facile... je suis un peu moins zen!
Allez, je dois me concentrer... me détendre... respirer... accepter... c'est comme ça, c'est tout.

Arrivés à la maternité, je sors de la voiture, Steph me soutient, je vois Fred, et comme dans un rêve : un vigile... des mots sortent de sa bouche "il ne faut pas laisser les voitures garées là".... c'est bizarre comme sensation, aussi absurde que dans un rêve tordu...! Fred lui répond que je suis en train d'accoucher, et j'ai envie de rire, mais ça ne doit pas se voir, c'est plutôt intérieur comme envie...! cette scène passe très vite comme dans un film, je me retrouve dans le bâtiment, je marche, toujours soutenu par Steph, Fred est devant, nous la suivons.
Je dois m'arrêter de marcher une ou deux fois lorsqu'une contraction survient... j'ai alors la sensation de perdre pied mais je me raccroche à Steph et ses bras qui m'enveloppent me font reprendre pied...
Nous prenons l'ascenseur. Je crois que Steph demande à Fred si je peux prendre l'ascenseur, et j'ai encore envie de rire, à l'intérieur...
Puis nous arrivons à la porte du service... je demande à Fred si elle vient avec nous, je lui dis que je voudrais vraiment qu'elle viennent avec nous, c'est très important pour moi, qu'elle soit toujours là, jusqu'au bout, avec moi... elle me dit oui, alors ça va...
Bonjour mme la sage femme de l'hôpital, euh, oui, bonsoir plutôt... elle se présente, nous emmène dans la salle d'accouchement, une petite salle où nous serons seuls. Je demande s'il serait possible de baisser les lumières... ces lumières crues après le scintillement discret et chaud des bougies à la maison, c'est un peu fort! sympa, ils le font, mais d'abord, j'essaie de me déshabiller... c'est dur... elle m'aide... ça n'a jamais été aussi difficile d'enlever un pantalon...! je suis enfin nue, on tourne autour de moi, je me retrouve avec une aiguille dans le bras gauche, je n'ai rien vu venir... allongée sur la table d'accouchement, la dame me dit de mettre les jambes dans les gouttières (charmant nom!), je m'execute, je n'ai pas le choix, je suis à l'hôpital. Quand même, c'est nul comme position, je ne m'y sens pas à l'aise du tout... Ils me saucissonnent avec le monitoring, ça fait mal au bide, alors je glisse mes doigts dessous...! enfin, on me dit que bébé va bien.
Bien. Maintenant, il faut finir.
Stéphane est à ma droite, Fred à ma gauche, ils me tiennent chacun une main, c'est marrant, ils sont habillés en vert, comme des chirurgiens, avec même le truc pour cacher le bas du visage, mais ils ne le mettent pas. Ca me fait bizarre de les voir comme ça, et voila mon envie intérieure de rigoler qui me reprend!!
Mais quand même, j'ai mal... dans tout le ventre... dans tout le dos... et je ne peux pas bouger, avec mes pattes en l'air... ça fait super mal dans le dos... à un moment, je demande avec une voix suppliante à Fred si ça durera encore longtemps, elle regarde et me dit en souriant que non, elle voit les cheveux de mon bébé!!! wahou... il est là alors!!
A chaque contraction, je pousse, je pousse... ça fait mal... je sens la tête qui est là... elle est énorme... on dirait qu'elle est coincée... je pensais qu'une fois arrivé à ce stade, le bébé sortait en 3 ou 4 contractions. Mais pour moi, non, ça dure plus que ça... et pourtant, je ne ménage pas mes efforts, je pousse, je pousse... la sage femme de la maternité me crie "poussez! poussez!", comme dans les films... j'ai envie de lui dire de se taire, je sais qu'il faut pousser, mais je ne peux pas parler parceque, justement, je pousse! et après, je récupère un peu... et ça revient... je sens ses doigts qui massent mon sexe... il s'étire... s'étire... oh la la, mais ça va finir pas péter... elle est grosse la tête...! Steph étant sorti aux forceps, je m'attendais à ça, mais quand même... c'est énorme... ça fait mal...
Et puis à un moment, ça y est, c'est sorti, ça y est, ça glisse... soulagement...
la sage femme me dit " la tête est sortie"... elle est bête, je sais que la tête est sortie!! je l'ai sentie passer!!
elle me dit de venir prendre mon bébé, je me penche, et là, la première vision que j'ai de toi mon bébé, c'est ENORME!!! tu as les bras ouverts, tu as une tête ENORME, tu es là, entre mes jambes, encore à moitié en moi, et tu es... ENORME!!! c'est pas possible!!! je te pose sur moi, tu es beau!! tu es trop beau!!! tu pleures un coup, tu me fais pipi dessus, c'est tout chaud, tu es tout glissant, tu es tout beau, tu es couvert de vernix, tu es parfait, tu es magnifique!!
tu es là, toi... c'est toi alors mon ti'baba?!!!
on se regarde tous les deux...
bonjour!!! bienvenue!!! c'est toi!!!
je regarde ton père, je t'aime, je l'aime, c'est merveilleux!!
au fait, c'est impossible à décrire et à écrire, c'est... ça y est, c'est toi, tu es là, je t'aime et je t'aimerais TOUJOURS! mon tout petit...!!!!
Stéphane demande si tu es un garçon ou une fille... moi je sais car j'ai déja glissé mes mains partout sur toi, et puis là aussi, pour savoir...! je lui dis que tu es un garçon... la sage femme, qui n'avait pas regardé, vérifie tout de même (!) et annonce : "c'est un garçon!" puis elle demande à ton papa s'il veut couper le cordon, ce qu'il fait, pendant que je t'admire... tu es un très beau bébé, tout lisse, même pas frippé, et "rose comme un bonbon" comme dit Fred!
Alors, comment s'appelle-t-il ?
HUGO!!! Nous n'avions pas de choix arrêté pour le prénom masculin, mais c'est Hugo qui m'est venu spontanément!... c'est toi, c'est tout, Hugo!!
Mon émotion est à son comble, je n'ai jamais ressenti ça, c'est incroyable... indescriptible... je suis shootée à l'AMOUR!!!
je te sens tout contre moi, ta peau contre ma peau, tu sens bon...!


Et puis la sage femme me dit qu'elle te prend, elle va t'aspirer (pauvre bébé, j'aurais voulu t'éviter ça, entre autre, en accouchant à la maison...). Stéphane te suit, et revient seul, il dit qu'il doit aller chercher des habits pour toi, et les papiers de la grossesse. Il part...
En attendant, ils ne veulent pas que tu sois contre moi, ils t'ont mis dans une couveuse, alors que tu pèses 3kg520! ils t'ont enlevé à moi, oh, bébé, mais on a besoin l'un de l'autre, où es-tu? je ne te vois pas, tu es tout seul, dans une couveuse... ma chaleur est beaucoup plus douce et efficace... je demande qu'on me rende mon bébé, ils ne veulent pas... "vous n'avez pas d'habits pour lui"... les salauds...

et puis la sage femme décide que mon/ton placenta doit sortir, et tout de suite. Elle m'appuie sur le ventre, ça fait un mal de chien, elle appuie super fort au niveau du nombril, c'est horrible, ça fait aussi mal que les dernières contractions, je lui dit d'arrêter mais elle continue, et puis elle tire sur le cordon, elle rappuie encore et encore sur mon ventre, je sens ses doigts s'enfoncer dans mon ventre, purée ça fait mal!!! j'ai envie de lui balancer mon pied dans la figure, mais je suis trop bien élevée, et puis trop fatiguée, et déroutée surtout...
je regarde Fred à côté de moi, qui a l'air désolée... je réclame à nouveau mon bébé... non, ils ne veulent pas...
la sage femme continue à m'appuyer sur le bide comme une malade, et puis comme rien ne sort, elle m'annonce qu'elle va appeler l'anesthésiste pour qu'elle puisse aller récupérer le placenta à la main...! ? ! ??
Je m'étonne, pourquoi un anesthésiste ? et elle me dit que oui, puisque je n'ai pas de péridurale, et que c'est une manoeuvre qui est douloureuse, je devrais avoir une anesthésie générale.
QUOI??!!????? ça ne va pas non ???!!!!! non non non!!!!!!!
JE VEUX MON BEBE, DONNEZ MOI MON BEBE!!!!.....
Là, je suis vraiment mal, le rêve tourne au cauchemar, je me retrouve seule, sans Stéphane, on m'a enlevé mon bébé, et on me menace de m'endormir... là, je commence à angoisser sérieusement...
Heureusement, Fred est là, je ne suis pas complètement seule, elle me masse doucement le ventre, ça me fait un bien fou, autant physiquement que psychologiquement, et puis, ouf, elle réussit à négocier : on me rend mon bébé et si dans 10 mn le placenta n'est pas sorti, alors elle pourra appeler l'anesthésiste. Merci Fred...
Mon bébé!!! Tu arrives, tout beau, mon bébé!!!!!!!! je te prend tout contre moi, ils mettent une couverture sur nous, tu es magnifique... je suis à nouveau shootée... complètement shootée... heureuse!!!! comme je ne l'ai jamais été!!!! tu prends mon sein droit, et commence à téter...!!!
Tu as un oeil fermé, mon petit pirate!!
Cela ne fait pas 5 secondes que tu es sur moi que j'entend "sploutchhh!"... et oui, le placenta est sorti tout seul! je crois que la sage femme est surprise de la rapidité de la délivrance, et puis le placenta est parfait, entier, impeccable. Ouf, la menace de l'anesthésie générale a disparue, et surtout, surtout, tu es là, tout contre moi...
La sage femme me demande si je veux voir notre placenta. Oui, je veux bien. C'est gros, je ne m'attendais pas à ça. Là, elle est sympa, elle m'explique le fonctionnement en me montrant les différentes parties. J'écoute, mais surtout, je te sens là, là, tout contre moi!!!
Stéphane revient, avec les petits habits que nous t'avions préparé, quelques heures plus tôt.
C'est le petit ensemble que ta mamie nous a envoyé dans le colis reçu le jour même, le petit pantalon et la petite veste bleu ciel et blanc... avec un petit body que nous avions acheté pendant nos vacances en métropole avec ton papa, alors que j'étais enceinte seulement de 2 mois...
Stéphane va avec toi t'habiller, et tu reviens, en être humain civilisé, bien fringué quand même, tu es drôlement mignon comme ça aussi, et puis ils ne t'ont pas lavé, tu sens toujours aussi bon, et tu restes comme ça encore un peu "sauvage"...!!!
Ensuite, on m'enlève la perfusion, Fred s'en va, et nous restons tous les trois, papa, toi, et moi, pendant 2 heures dans cette salle d'accouchement... nous faisons connaissance... avec ta naissance, c'est notre famille qui naît aussi, nous sommes maintenant une famille, tous les trois...!!!



Nous avions fait le choix d'accoucher à la maison pour de nombreuses raisons.
Déja, pour moi, l'accouchement est quelque chose de naturel, que chaque femme peut vivre normalement, c'est à dire naturellement, c'est à dire, sans aide médicale. Car la grossesse, l'accouchement, ne sont pas des maladies! donc pourquoi aller dans un hôpital pour mettre au monde mon bébé ? Je voulais pouvoir vivre mon accouchement comme je le sentirais sur le moment, pouvoir me mettre dans les positions que je ressens, pouvoir marcher ou tout ce que mon corps me réclamait à ce moment là. Je ne voulais pas être entravée, drivée.
Je ne voulais pas qu'on m'accouche, je voulais accoucher moi même.
Moi même, mais tout de même avec la présence d'une professionnelle.
Lorsque j'en ai parlé avec Stephane, au tout début de ma grossesse, il m'a regardé un peu bizarrement, mais mes arguments l'ont convaincu rapidement, et c'est un projet que nous portions tous les deux.
C'est très important que le futur papa soit non seulement d'accord, mais totalement investit dans ce projet, car, contrairement à l'hôpital, lors d'un accouchement à la maison, il est réellement acteur. D'ailleurs, nous parlions tout au long de ma grossesse de "notre accouchement".
J'ai donc recherché si une sage femme pratiquait les accouchements à domicile à Nouméa, et j'ai obtenu les coordonnées de Fred. La seule sur le territoire!
Avec Stéphane, nous voulions accoucher à la maison pour beaucoup de raisons, mais la principale était pour pouvoir accueillir notre bébé le mieux possible. Nous rêvions de ce jour où nous serions trois, tous les trois, ensemble, dès la naissance de notre bébé. Pas de séparation, et puis avoir le temps de faire connaissance, pouvoir aller à notre rythme, et pas au rythme qu'une équipe médicale nous imposerait!

Nous n'avons pas pu mener notre projet jusqu'au bout comme nous le souhaitions, mais ce n'est pas grave, c'est comme ça, c'est tout!
Nous avons fait tout le travail à la maison, naturellement, et puis j'ai accouché à la maternité à peine 40 minutes après y être entrée!
Nous ne voulions prendre aucun risque, c'est pourquoi nous avons terminé à l'hôpital.
Car accoucher à la maison, oui, mais ça a toujours été très clair que ce projet ne serait viable que si toute ma grossesse se passait bien, et qu'il n'y avait aucun soucis pendant l'accouchement.
Fred s'est équipée depuis d'un "stéthoscope obstétrical incassable, inusable, qui fonctionne à l'ancienne, c'est à dire à l'oreille... sans piles!"

Je suis très contente de notre accouchement. Déja, j'ai eu de la chance parcequ'en tout, il n'a duré que 5h30, pour un premier bébé, c'est assez rare paraît-il! Je sais que toute la préparation à l'accouchement naturel y a été pour quelque chose!
Je suis contente de la façon dont s'est déroulé tout le travail, de cette liberté de mouvements et de pensées dont j'ai joui pendant tout ce temps.
J'ai le souvenir de beaucoup de confiance en moi, de sérénité, et de douleur aussi, mais quelle fierté d'avoir su la gérer!
J'ai vraiment le sentiment d'avoir accouché moi même, j'en suis heureuse, et fière aussi!
Stéphane a été merveilleux tout le long, il a joué son rôle à la perfection.
Et nous voila maintenant une famille!
Bienvenue sur terre Hugo notre fils!!




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Commentaires
S
bouhhh tu m'as fait pleuré !!!<br /> Très touchant ton témoignage.<br /> Tu vivras peut etre ta prochaine fois à la maison comme moi. En lisant ton texte je me suis rappelée la naissance de mon petit bonhomme l'an dernier, l'expérience fut tellement forte qu'elle me donne envie de la revivre, juste pour le fun... si on peut dire ça comme ça ;o)<br /> Je t'imaginais bien rigoler "intérieurement". Ton texte est drôle et émouvant, on en rit et on en pleure, comme de la vie ;o)
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