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23 février 2006

Comment je suis venue à l'accouchement à domicile...

Lorsque j'ai été enceinte de ma première, j'étais complètement sous l'emprise du diktat médical, je n'imaginais pas qu'on pouvait accoucher ailleurs qu'à l'hôpital...je leur faisais confiance, je pensais que j'avais "besoin" d'eux.
Aussi, j'ai "comme tout le monde" (c'est que la sage femme me l'avait dit) demandé la péridurale, résultat : une anesthésie surdosée, je ne sens rien du tout, je ne peux pas pousser, on m'appuie (et elles s'y mettent à deux) sur mon ventre, le coeur de bébé s'arrête, c'est un peu la panique, le médecin fait couper le monitorring pour ne pas que je stresse, on me met un masque à oxygène, il pratique une super épisio et me dit : "encore une pousée sinon, forceps ! alors faites un effort", un effort mais quel effort, comment pousser ? je n'en ai pas la moindre idée tout ce que je sais faire c'est serrer les abdominaux au maximum, l'une des sage femme a quand même l'idée de me tirer les mains en avant pour que je tire sur les genoux, ils m'extirpent bébé, elle est bleue, ils l'emmènent tout de suite... on me laisse seule je ne comprends rien, c'est comme ça que ça se passe... je ne peux pas même pas voir mon bébé ? une sage femme revient et fait sortir le placenta, elle me dit que bébé va bien et qu'on va me l'amener bientôt... je reste seule à nouveau, le temps me parait bien long... mais où est bébé ? j'essaye de me lever, impossible je ne sens pas mes jambes et puis enfin on m'amène bébé, je suis assez décontenancée, elle pleure je ne sais pas quoi faire, je regarde cette petite crevette, c'est mon bébé ? mon dieu que faut il faire?  je n'ose pas la toucher, elle parait si fragile si lointaine, entre temps on m'a remise dans la salle de travail (pas de place ailleurs), heureusement une maman qui attend son second me conseille "mets la sur ton ventre, tu vas voir elle va s'arrêter de pleurer" effectivement ma puce arrête de pleurer et je peux enfin la contempler... et faire connaissance.
Je ne me pose pas trop de questions à cette époque, tout le monde me dit "tu n'as pas eu mal du tout, tu as bien de la chance et ça n'a duré qu'une heure 1/2" moi je ne sais pas trop, je trouve avoir été plus spectatrice qu'actrice et surtout je n'ai pas su faire quand on m'a dit de pousser ... pourtant j'avais fait la préparation et j'ai fait ce qu'on m'a dit...


Quelques années plus tard j'attends mon second, tout se passe très bien, mon homme doit partir une semaine à l'étranger quelques jours après le jour J, mais voila le jour J arrive et bébé n'est toujours pas né... je serais donc seule, mais je refuse le déclenchement ça me parait trop agressif, un soir je sens des contractions qui sont d'emblée fortes, j'ai juste le temps que mon papa m'emmène à la clinique, ma petite est déposée chez sa mamie. J'arrive, n'ayant pas compris que la péri était à l'origine des problèmes que j'avais eu avec la première j'en redemande une, et là (oh miracle de la providence) il est trop tard pour une péri, enfin sur le moment j'accuse le coup, toute seule et sans péri va falloir assurer ...je n'ai pas bien le temps de réfléchir de toute manière, la sage femme me fait allonger sur la table et se met en tête d'accélérer les choses alors que le travail est hyper rapide (bébé est né en 3/4 d'heure) je ne sais pas pourquoi elle est si pressée (peut être veut elle abréger mes souffrances qu'elle ne peut pas diminuer?), elle rompt la poche des eaux, les contractions deviennent insupportables et je pense qu'elle essaye de décoller les membranes ça me fait super mal, je lui demande d'arrêter, ça la vexe et elle se met dans un coin ! quelle bonne initiative car je "prends les choses en main" la douleur est énorme, je suis sur le dos, pas moyen de bouger mais je sens la tête de bébé qui descend, qui progresse, c'est fabuleux, je hurle à chaque contraction et puis j'ai tout d'un coup j'ai une envie folle de pousser je le lui dis, elle me répond "il faut attendre que le médecin arrive" je lui réponds que je ne peux pas attendre et qu'on n'a pas besoin de lui, et je pousse, la tête sort, une seconde poussée et son petit corps tout chaud glisse, c'est délicieux, c'est extraordinaire, je n'en reviens pas j'ai mis mon bébé au monde ! c'est d'une intensité hallucinante, je suis tellement fière de moi, elle dépose bébé sur moi et le met à téter...je lui dis qu'il valait bien la peine que je souffre un peu, elle sourit... je crois qu'elle est soulagée que tout ce soit bien passé. Le médecin arrive après la bagarre et dit sèchement à la sage femme "pourquoi ne lui avez-vous pas fait une péri ?" la sage femme répond doucement, elle est arrivée à 7 c'était trop tard", il parait en colère (probablement car il ne touchera pas sa prime de démoulage !) et me recoud...
moi je suis au nirvana, je n'arrête pas de penser à l'intensité de cet accouchement, je suis tellement heureuse, je dévore mon bébé des yeux, il tète bien, c'est un gros bébé de 4kg 100 qui me regarde aussi intensément...


Quelques années passent à nouveau et nous mettons en route le petit troisième, je sais déja qu'il n'est pas question que j'aie une péridurale mais je veux plus, instinctivement, je sais que je peux mettre mon enfant au monde alors je me renseigne beaucoup sur le net, je découvre plusieurs sites et associations pour un accouchement plus naturel, je rédige un projet de naissance, mon gynéco refuse plusieurs points (pas de perfusion, liberté de position, pas de rasage lui paraissent impossibles !!) je vais voir les différentes maternités alentour, impossible de trouver quelqu'un qui accepte mon projet, une sage femme pourtant me dit qu'elle comprend mes souhaits, qu'ils sont légitimes mais que dans la structure où elle travaille elle n'a pas le "droit" de les mettre en oeuvre... je suis très déçue... je ne sais pas quoi faire... et je me prépare à accueillir bébé toute seule, je pense que je peux le faire, en fait je sais que je peux accoucher seule, c'est une fois bébé sorti que je me pose des questions : quoi faire avec le cordon, comment faire sortir le placenta, et si je fais une hémorragie ... mais en même temps je sais que tout va bien se passer...
La venue de T... (la sage femme de H...) est vraiment une histoire marante, mon père et sa compagne venaient nous rendre visite ici à T..., lors de leur trajet, ils se sont arrêtés à H... pour visiter un peu. Un jour avec leur camping-car ils s'arrêtent sur le bord de la route et regardent leur carte car ils ne savaient pas trop où ils étaient, une personne s'arrête et les renseigne c'était T  qui leur déconseille le lieu où ils voulaient dormir près d'une falaise car c'est un lieu peu sûr et leur propose son jardin pour une nuit. Et voila qu'ils discutent apprennent qu'elle est sage femme, qu'elle fait des AAD (accouchements à domicile) et sillonne H... avec sa baignoire sur le toit de sa voiture pour aller aux accouchements... ils la trouvent formidable et échangent leurs coordonnées. Ici nous discutons pas mal et je leur dis que je voudrais accoucher à la maison mais que j'aimerais mieux qu'il y ait une sage femme avec moi or ici aucune ne veut faire d'AAD. Alors ils me racontent que justement ils ont discuté avec une sage femme de H... et me donnent ses coordonnées. Je l'ai contactée lui ai expliqué ma situation et lui ai demandé si elle serait ok pour venir elle a dit oui et voila ! c'est une femme extraordinaire, maman de 8 enfants, elle en a adopté 4 autres...
Bébé se pointe 8 jours après DPA (dâte prévue d'accouchement), j'accouche dans une petite piscine gonflable pour enfants, c'est extraordinaire, je fais tout toute seule, avec juste la sécurité de savoir qu'il y a une personne expérimentée qui est la au cas où, intensité magique de ce moment animal où on se contente de vivre, de survivre à ce flot de sensations intenses... bébé est là dans mes bras, il respire tout de suite sans problème, il ne pleure pas regarde tout autour de lui, tranquillement, et se met à téter, je reste dans la piscine très longtemps, mais ma sage femme finit par me dire "Il faut sortir de l'eau pour le placenta" je l'avais complètement oublié celui-là !! papa prend bébé, les enfants sont ravis et lui font des bisous, je sors mais je n'ai plus de contractions, le placenta ne veut pas sortir, elle me fait m'accroupir et me masse un point sur le tibia, les contractions reprennent aussitôt, pour m'aider à l'expulser elle me dit de souffler sur ma main comme si je voulais gonfler un ballon, effectivement le placenta sort d'un coup... et  nous pouvons tous ensembles reprendre notre tête à tête avec bébé, moment d'éternité suspendue... avec un merci et une reconnaissance infinie à ma sage femme, cette sainte femme qui respecte les mamans, toutes les mamans.

Je souhaite à toutes les mamans de connaître ce bonheur immense et irremplaçable d'une vraie mise au monde de leur enfant.

P...

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